• Wafaa Lahlah : "Je voudrais être l'ambassadrice de mon pays en France et un peu partout dans le monde"

     

    Crédit photo : Fabrice Lastavel

    Remarquée lors de la Fashion Night Couture de Saint-Martin de Ré en août dernier, c’est dans un café parisien que Wafaa Lahlah a accordé cette interview à Sans Frontières l’Information Universelle. A 36 ans, humble et déterminée, c’est avec sincérité qu’elle nous dévoile sa carrière de créatrice de mode, avec sa toute nouvelle collection baptisée «Arc en Ciel». Sa vie de maman, ses futurs projets. Dans un charmant voyage entre l’Algérie et la France, elle nous ouvre les portes de la haute couture. Rencontre.

     

    Wafaa Lahlah bonjour.. Tu es créatrice de mode, tu vis aujourd’hui à Paris, mais c’est à Oran (Algérie) que tu as grandis. Depuis toute petite tu rêvais de faire ce métier ?

    Wafaa Lahlah : Oui Bonjour. Et bien oui c’est ma passion depuis toute petite. J’ai grandis dans le ronron de la machine avec ma mère. Etant petite j’aidais déjà ma mère à relever ses patrons, à faire des faufilages. Donc j’ai baigné dans ce monde de la couture, de la création avec ma mère et ça m’a vraiment donné envie de le poursuivre et j’étais sûre d’embrasser une carrière dans la mode.  

    En Algérie tu obtiens un CAP de prêt-à-porter, puis un diplôme en stylisme et modélisme. Tu crées ta propre école  de couture à 23-24 ans. Quelles étaient tes ambitions à cette époque là ? 

    W.L. : Je ne me suis pas arrêtée au CAP, au contraire. J’ai voulu continuer et je veux encore continuer. J’ai créée mon école. J’avais presque deux cent filles dans cette école. Je faisais tout ce qui concerne la couture. Que ce soit du prêt-à-porter, de la couture traditionnelle, de la peinture sur soie, de la broderie. Après avoir obtenu le BTS de stylisme-modélisme, j’ai été major de ma promotion, là j’ai voulu aller loin. Donc ma première destination c’était Paris qui est la capitale de la mode. En 2005 j’ai fais la Foire internationale de l’artisanat à Nancy. Ensuite je suis retournée en Algérie, je suis revenue avec une collection de haute couture. J’ai fais mon premier défilé de mode en 2006 en partenariat avec l’agence  « Les Mistinguettes » ici à Paris et c’est là que j’ai décidé de m’installer carrément, à Paris.

    « Rien ne me fait peur dans le monde de la mode. »

    Qu’est ce qui t’attires dans le monde de la création, un monde de conte de fées que l’on peut, lui contrôler ? 

    W.L. : Oula.. Je vis avec ça quoi,  la création. Je suis avec vous je crée, je dors je crée, je me lève je crée. C’est ma nature. Depuis toute petite j’ai des idées que je veux exploiter. C’est ma passion. J’adore la créativité, j’adore tout ce qui sort de l’ordinaire. J’adore l’élégance, j’adore habiller la femme, j’adore la féminité.

    Avant de venir t’installer à Paris tu as été costumière et habilleuse pour le Théâtre d’Oran. Quel souvenir en gardes-tu aujourd’hui ?

    W.L. : C’était une très très belle expérience pour moi. C’est là que j’ai fais tous les costumes de l’époque de cette épopée, de l’Emir Abdelkader. J’ai eu les félicitations du producteur, des gens qui ont vu l’épopée. Elle a eu beaucoup de succès.

    Pour tes premiers défilés en Algérie, quel accueil as-tu reçu ?

    W.L. : Ah c’était vraiment un accueil chaleureux c’est pour ça que je continue. Et puis j’ai eu un très bon retour que ce soit du public, des journalistes, des gens qui m’ont aidé.. donc voilà, que du positif.

    Depuis ton arrivée à Paris, face à la concurrence de quelle manière te démarques-tu ?

    W.L. : Rien ne me fait peur dans le monde de la mode. Je suis créatrice, je me démarque par mon propre style à moi. Et c’est un défi à relever. Plus tard j’aurai mon label si Dieu le veut. 

    A Saint-Martin de Ré lors de la Fashion Night Couture nous avons découvert ta nouvelle collection        « Arc en ciel », peux-tu nous en dire plus ?

    W.L. : Je l’ai appelée « Arc en ciel » déjà parce qu’il y a toutes les couleurs de l’arc-ciel dans la collection. C’est les couleurs de l’été aussi. On avait le choix cette année. Ma collection est conçue avec des matières nobles et naturelles. Je travaille beaucoup avec des plumes, des coquillages, les peaux de serpent. Tout ce qui est naturel et minéral. J’adore puiser dans la nature, c’est mon inspiration si vous voulez. Je m’inspire beaucoup de la nature, je m’inspire beaucoup des animaux que ce soit pour les couleurs, les matières.

    Jessica Le Bleis by Wafaa Lahlah - Crédit photo : F. Lastavel

    D’où viennent-elles ces matières, de France ? Du Maghreb ?

    W.L. : Ca dépend. Un peu partout, là où je voyage. Quand je trouve un truc qui me plaît j’achète et je le cache. Quand l’inspiration elle est là, quand la création elle est là je l’utilise, tout simplement.

    On peut dire que ta collection a plutôt été remarquée à Saint-Martin de Ré. Serait-ce la voie du succès selon toi ?

    W.L. : Oui d’après le public, d’après Monsieur Philippe (Noel) qui est l’organisateur, d’après les journalistes. Je n’ai eu que des bons retours, je pense que tout ça c’est  prometteur pour moi. C’est positif. Je suis sur la bonne voie, il faut juste continuer et persévérer. 

    Sur le podium on a vu plusieurs mannequins. Peux tu nous  présenter celles qui ont porté ta collection ?

    W.L. : Alors voilà il y a déjà Marie N’Dao qui est top model et connue ici en France. Il y a eu Jessica Le Bleis qui est Miss Bretagne. Il y avait Lucie aussi qui est un mannequin professionnel. On a vraiment eu la chance de travailler avec des mannequins pro. Elles ont vraiment mis les robes en valeur sur le podium. C’était un honneur pour moi de travailler avec des mannequins comme celles de l’Ile de Ré.

     

     

                                             Marie N'Dao by Wafaa Lahlah - Crédit photo : F. Lastavel

    Ce jour là, lors du défilé on t’a vu soucieuse du détail, également pour le choix de la musique. Est-ce que le travail, la rigueur sont plutôt innés chez toi ?

    W.L. : Ah oui. Je suis très perfectionniste dans tout. J’aime que tout soit fait vraiment minutieusement. La musique c’est moi qui l’ai choisi, mon frère m’a aidé. C’est un musicien algérien. Il s’appelle Mohamed Rouane. Et si vous avez remarqué c’est une musique qui va très bien avec ma collection. Ça permet aussi de voyager un peu. C’est une musique douce qui monte en crescendo. Donc j’ai essayé de mélanger ça avec les robes, avec l’ambiance où on était, avec l’endroit.


    Pour chaque modèle combien de temps de fabrication ?

    W.L. : Alors ça dépend. Comme ça a été conçu à la main il y a des modèles comme la « plume de paon », par exemple, qui m’a pris presque quatre mois de travail. La « plume de coq » c’était un mois et demi. Ca dépend des modèles mais le plus long c’était la      « plume de paon ».

    Cette rigueur dont on parlait précédemment est une qualité, une valeur que tu cherches à inculquer à tes trois jeunes garçons ? Rappelons que tu es maman..

    W.L. : Ah oui je suis dessus déjà dès maintenant ! (rires). C’est ce que je dis à mon grand, parce que les autres sont petits. Voilà, j’aime qu’il soit comme moi, en mieux, en beaucoup mieux. Donc je suis derrière lui justement, sur le détail, sur tout quoi. Ça c’est un truc que je ne laisse pas passer (rires).

    Comment gères-tu cette vie de maman et ta vie professionnelle ?

    W.L : Ça c’est très très difficile pour moi sincèrement. Je me bats, c’est le parcours du combattant, si vous voulez. Je suis en ce moment mère isolée avec 3 enfants. Donc je gère mon rôle de maman, je fais à côté un boulot alimentaire et le soir quand les enfants dorment, là je me consacre à ma création. Donc voilà, ce n’est pas évident mais je me bats pour la bonne cause.

     « Je suis à la recherche d’un mécène et en même temps de sponsors. »

    Dans ce monde assez difficile de la mode, c’est important de rester vraiment proche de ta famille ?

    W.L. : Oui ma famille c’est sacré pour moi. Surtout mes enfants ils ont besoin de moi, donc je suis là pour eux, je resterai là pour eux. Mais ça ne m’empêche pas de continuer dans mon domaine, ça ne m’empêche pas de voyager. Ça ne m’empêche pas de progresser dans mon métier. En étant toujours maman tendre et protectrice de ses enfants.

    Aujourd’hui à 36 ans de quoi es-tu le plus fière ?

    W.L. : Déjà je suis fière d’avoir mes trois garçons (sourire). Je les adore mes enfants. Je suis fière aussi de mon parcours, de tout ce que je fais. Mais c’est pas fini. Ce n’est qu’un début pour moi.

    As-tu l’ambition de créer ta place dans cette capitale ? 

    W.L. : Ça c’est l’objectif. Je voudrais être l’ambassadrice de mon pays en France et un peu partout dans le Monde dans le domaine de la mode. Et je veux créer ma place dans le domaine de la haute couture et je battrais jusqu’à ce que j’y arrive. En ce moment je suis en train de lancer un appel pour trouver mon mécène. Quelqu’un qui croit en mon talent, qui me fait confiance et qui pourra investir sur moi. Vous savez la haute couture c’est un domaine qui demande beaucoup d’argent, pour organiser des défilés c’est pas évident. Donc maintenant je suis à la recherche d’un mécène et en même temps de sponsors, pourquoi pas, pour organiser des défilés de mode un peu partout.

    A quelques jours de la Fashion Week de Paris quels sont tes projets pour cet automne ? Un nouveau défilé peut-être ? 

    W.L. : Je suis en train d’organiser un défilé à Paris mais je ne sais pas quand est-ce qu’il aura lieu. Pas encore. Rien n’est confirmé pour le moment. Mais normalement oui.

    Wafaa Lahlah le message est passé. Merci de nous avoir accordé de ton temps pour cette interview. A la prochaine !

    W.L. : Merci.

    Propos recueillis par Elodie Terlon.

    Suivez les prochains défilés de Wafaa Lahlah sur Facebook et retrouvez les photos de sa collection sur Flickr. 

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