• Le fric c'est chic : Quick et Miss Tic quittent la rue

     

    Quik / Crédit photo : E.TERLON

     
     
    Quik / Crédit photo : E.TERLON

     

     

     

     

     

     

     

     

    Quick et Miss.Tic /Crédit photo : E.TERLON

    Jusqu'au 25 février la galerie Brugier-Rigail confronte deux artistes de street-art : Quik, new yorkais et Miss.Tic, pionnière parisienne. Deux continents, deux styles : l'un est né dans le quartier du Queens, inspiré par la violence urbaine qu'il tourne en dérision à travers des personnages de bande dessinée. L'autre est né à Montmartre et détourne à l'aide de ses pochoirs, l'image de la femme parfaite des magazines féminins pour l'interroger d'un ton provocateur. Deux talents qui suggèrent l'interrogation : est-ce la fin d'un mouvement ou plutôt son renouveau ?

     

     

    De la rue aux galeries d'art

     

    Depuis les années 2000, le street-art a su convaincre les amateurs d'art sceptiques et s'imposer dans les galeries. Autrefois musée à ciel ouvert, accessible à toutes les classes sociales, le street-art se conforme aujourd'hui à d'autres codes destinés à un public plus élitiste, prenant une place de plus en plus importante sur le marché de l'art. Vous trouvez actuellement dans les salles de vente aux enchères, autant d'oeuvres de Monet, que celles du graffeur Obey, pour des sommes comprises entre 10 000 et 20 000 euros.

     

    Les pionniers du street-art en France, à savoir : Gérard Zlotykamien, Blek le rat, Jef Aérosol, Jérôme Mesnager, Miss.Tic… jouent désormais sur les deux tableaux par choix et par contrainte. Mais dans leur quête absolue de visibilité, leur liberté artistique en est-elle biaisée pour autant ? Les street-artistes longtemps dépréciés car apparentés à des vandals, des délinquants qui repeignent les murs de Paris à la bombe, à la nuit tombée, ont maintenant leur place aux cotés des illustres Warhol, Picasso, De Vinci ou encore Rembrandt, à l'instar du graffeur haïtien Basquiat. Abolir les frontières, démolir les clichés, toucher un  large public, c'est le nouveau défi que ce sont lancé les street-artistes ces dernières années. 

     

    Jef Aérosol / Crédit photo : E.TERLON

    Blek le rat

    Exposer en galerie c'est donner rendez-vous au citadin dans un lieu et à une heure précise. L'extirper de son quotidien et lui dire : "Tiens regardes j'ai un message pour toi". Entre quatre murs blancs, le visiteur prend le temps de perdre son temps, une demi-heure, une heure. Le temps semble se suspendre devant la toile. Il l'observe, examine ses détails, la contemple d'un nouvel oeil, sous un nouveau cadre. Il la consomme à sa guise. Et c'est justement c'est consommation qui dérange nos adeptes du street-art de l'époque : le street-art illégal. Qui dit consommation, dit profit. Exposer dans des locaux privés, c'est devenir rentable. L'artiste propose ses oeuvres à la vente, fait faire des affiches, des livres, voire même des t-shirts. C'est qu'on appelle le merchandising.

    Besoin de reconnaissance

    En 2012, en pleine crise économique, faire de l'art pour l'art n'est plus de mise. Tout artiste, même les plus "anti-business" ont des fins de mois à finir. En plus d'un gain de rentabilité, les galeries offrent une certaine reconnaissance aux artistes. C'est un privilège, même s'il est contesté. Certains amateurs d'art trouvent scandaleux que le street-art puisse sortir de la rue et de ses codes pour entrer dans le "chic". En effet, ce dernier attire de plus en plus les marques de luxe : Louis Vuitton, Agnès B... bien que ses ventes ne concurrencent pas encore celles des autres mouvements artistiques. Lorsque vous assister à un vernissage certaines personnes vous diront que pour eux les street-artistes sont avant tout des artisans qui créent pour le plaisir de créer et non pour faire du chiffre. Qu'ils n'ont pas besoin des galeries pour exister. 

    Galerie Brugier-Rigail / Crédit photo : E.TERLON

     Galerie Brugier-Rigail / Crédit photo : E.TERLON

     

    Le graffiti sur les murs étant passible de lourdes amendes, il devient difficile de continuer de créer si l'on passe ses nuits en garde à vue. Miss.Tic en a d'ailleurs fait les frais. ("Depuis, mon arrestation et mon procès pour détérioration publique qui a aboutit en 2000 et à la suite duquel j'ai dû payer une amende, j'ai changé ma façon de fonctionner (...), a-t-elle déclaré dans la Gazette de Berlin). Est-il préférable de prendre des risques et ne s'exprimer qu'à un public minoritaire. Ou bien accepter de se conformer aux normes des galeries d'art et continuer de travailler en toute légalité pour la majorité? Certains vous répondront que le street-art c'est le concept même de l'illégalité et qu'il ne pourrait en être autrement. Que fait-on alors d'une société qui évolue constamment, d'un point de vue légal et architectural. Les street-artistes français qui dans les années 80 se sont emparés des murs de la capitale, composent aujourd'hui en fonction de leurs chers et tendres supports. Les murs se font écho comme les projets d'urbanisation.

     

    Même s'il tient une place importante sur le marché de l'art, le street-art n'est pas exilé de ses trottoirs qui l'ont vu naître. Il se fait juste peu neuve, élevé au même rang que tous les autres mouvements artistiques. Il aura fallu compter plus de 30 ans pour éveiller les esprits. Rendre à ce mouvement  ses lettres de noblesse. Dans la rue il s'admire ou bien s'ignore. C'est au choix de l'intelligence individuelle.  

    Anonyme

     

    Faire du graffiti c'est capter désormais l'instant, comprendre l'essentiel. Voir le street art dans les galeries et les musées c'est une habitude à prendre. Comme le projet de construction de la nouvelle branche du T4 entre Aulnay-sous-bois et Bondy, ça dérange au début puis on s'y habitue. 

     

    Quick : http://www.quiknyc.com/ 

    Miss-Tic : http://www.missticinparis.com/

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