• Femmes SDF, femmes capitales (suite)

    QUESTIONS A SOLANGE GOMIS,

    éducatrice spécialisée à la  Halte des femmes (Paris 12ème)

    Depuis 4 ans elle travaille au sein du centre d’hébergement d’urgence afin d’améliorer le quotidien des femmes sdf. Elle nous explique la particularité de la Halte des femmes. « Quelqu’un qui est sans-papiers est quelqu’un qui n’a pas d’avenir, pas de projet ».

      

    Quels types de femmes accueillez-vous ? Ce sont des femmes de toutes les nationalités qui ont entre de 18 ans et 70 ans. Environ 51% sont des femmes avec des papiers et le reste est en demande d'asile. Près de 70% des femmes ont des troubles psychiques à psychiatriques, allant de la dépression à la schizophrénie.

    Y-a-t-il des conditions d’accès particulières pour entrer à la Halte des femmes ?On accueille des femmes sans enfants car ici il n'y a pas assez de place. Si une femme qui a des enfants vient nous voir, on ne la refuse pas mais on la réoriente ailleurs.

    Que recherchent ces femmes hormis un lit et un couvert ? A la Halte elles se sentent sécurité, c'est un point d'ancrage. Il y a du lien qui se crée, les femmes se soutiennent entre elles.

    Quelles sont les raisons qui poussent ces femmes à se retrouver dans la rue ? Il y a plusieurs catégories. Il y a les femmes qui ont eu des conjoints violents, celles qui ont des troubles psychiques et n'ont pas pu se maintenir dans un logement. Quand vous entendez des voix dans votre appartement vous ne pouvez pas y rester. Il y a celles femmes qui vont d'hôpitaux en hébergements 115 et puis les femmes sans papiers.

    Quel est le quotidien des femmes à la Halte ? Elles aident à la préparation des plateaux repas, font le ménage et participent à divers ateliers avec des bénévoles. Le mardi Isabelle leur fait un massage et un bain de pieds. Le vendredi c'est atelier sculpture. Tous les samedis matins, les bénévoles de l'église américaine viennent faire la manucure aux femmes, les coiffent, les maquillent et les photographient. Une à deux fois par mois, Maria, une esthéticienne vient leur faire une épilation et des soins du visage. Il y a aussi Brigitte, une irlandaise qui parle en anglais avec les femmes anglophones et Oumria qui donne des cours de français.  

    Parviennent-elles, pour certaines, à se réinsérer dans la société ?Celles qui arrivent à s'insérer sont les plus jeunes.Le reste non. Celles qui ont des troubles psychiques et psychiayriques sont dans le déni. On ne peut pas les soigner. Celles qui n'ont pas de troubles n'ont pas de parpiers. Et les plus âgées restent à la Halye car elles ne peuvent plus travailler.

    Quel espoir y-a-t-il pour les femmes sdf d’origine étrangère ?Aucun. Quelqu'un qui est sans papier est quelqu'un qui n'a pas d'avenir, pas de projet.

    Quelles sont les aides possibles mises à disposition par l’Etat, excepté le RSA ? Pour les femmes sans papiers il n’y en a pas. Elles ne peuvent se tourner que vers les associations.

    Combien de temps sont-elles autorisées à rester à la Halte des femmes ? Indéfiniment. Il y a des femmes qui sont là tous les jours depuis 4 ans.

     Propos recueillis par Elodie Terlon.

     

    La Halte des femmes Créé en 1998 ce centre d’hébergement est composé de 6 éducateurs spécialisés. La halte des femmes est ouverte tous les jours, même les jours fériés de 9h à 21h.

    Ce qu'elle offre ?  Un petit-déjeuner gratuit, un repas le midi à 1euro pour les femmes qui ont le RSA ou gratuit pour celles qui n'en bénéficient pas. Et un repas du soir à 18h30. Elle met également à leur disposition une salle de douche avec toilettes et une laverie pour nettoyer leurs vêtements. Tous les matins un médecin leur rend visite de 9h à 13h, suivi d'une assistante sociale tous les jeudis.

     L'Hébergement ? La Halte des femmes offre 6 places en hôtel pendant 15 jours renouvelables. Et pendant le plan hivernal de décembre à fin mars, elle accorde 18 places d'hébergement d'urgence à l'hôpital Charles-Foix d'Ivry Sur Seine. Neuf autres places sont gérées par le 115 et cinq par EMMAUS. Enfin, pour occuper les journées des femmes sdf, le centre fait venir toute les semaines des bénévoles pour les distraire et les aider à retrouver leur féminité.

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